LA PHOTOGRAPHIE
Victor PETIT a acquis une notoriété en tant que photographe, mais comme nous l'avons vu dans les chapitres consacrés au dessin ou à la peinture, il était un artiste complet, avec une solide formation. Son activité photographique était avant tout son gagne-pain. Je vous invite à vous attarder sur ses clichés qui pour la plupart datent d'avant l'invention d'Antoine LUMIERE, c'est à dire les négatifs au "gélatino-bromure d'argent" en 1871.
En fin de chapitre nous verrons l'influence indéniable de Joseph Philibert GIRAULT de PRANGEY dans l'œuvre photographique de Victor PETIT
Les stéréophotographies présentées ci-dessous sont issues du fonds AD52, 35Fi ancienne collection PETIT/SABY/NIQUET
Un peu de technique
Cette affiche de 1855 laisse penser que la photographie de l'époque est aussi rapide que le numérique aujourd'hui.
Pourtant ce que nous savons de la progression de la technique était loin de ces performances. En effet il fallait bien faire une prise de vue sur négatif et la reporter sur un papier ou du verre en positif.
A cette époque les négatifs utilisaient la technique dite au "Collodion humide", longue à préparer car nécessitant le dépôt de nitrate de cellulose, puis de nitrate d'argent, devenant par réaction photosensible. Même si la préparation est faite en amont du délais indiqué par l'annonce de Victor PETIT, le développement et la fixation sont plus longs que les 12 secondes annoncée.
Il fallait ensuite réaliser un positif de la photographie sur papier salé ou albuminé, deux procédés faisant appel à du chlorure de sodium et à du blanc d'œuf. Le nitrate se transforme en chlorure d'argent photosensible et sa mise en contact au négatif transfère une image positive du sujet.
Tout donne à penser que le délai annoncé au client ne peut être que celui de la prise de vue
A peine les techniques maîtrisées les photographes se sont intéressés à la vision en relief. Il s'agissait d'utiliser un objectif "binoculaire" et une "visionneuse" également binoculaire.
Dès 1855 Victor photographie sa ville natale et même plus précisément la proximité de son atelier
Suivent deux clichés montrant la recherche d'effets spéciaux naturels.
Tous les clichés présentés ci-dessous sont issus des AD52,35Fi (ancienne collection Gérard NIQUET)
Commentaires de l'auteur : "Apray Le beau noyer - V.P. 1855"
Les langrois et les fins observateurs reconnaitrons peut-être ci-dessus la rue de Nancy que Victor appelle "Vieille route montant à Langres près du cimetière". Il avait daté le dessin ci-contre de 1853 et les deux vue ci-dessus de 1855.
Nous retrouvons dans ces clichés l'artiste qui recherche les alignements caractéristiques pour souligner les lignes de fuite donnant de la profondeur, les effets et les éclairages déjà évoqués.
Ci-contre dessin de la collection privée Gérard NIQUET
Commentaires de l'auteur ; "La faite de dieu a Langres - V.PETIT 1855"
Les "Fêtes Dieu" commémorent la "Sainte Trinité" 60 jours après Pâques
Victor n'a pas daté ces deux clichés ! Dommage...
Ci-dessus on est de plein pied dans un environnement rural et intime qui est le reflet de sa vie quotidienne.
La photo de droite et son commentaire nous ont permis de progresser dans la généalogie de Florence LEGENISEL car en effet "l'oncle et la tante de St Broingt le Bois sont François RENEVEY et Marie-Aimée AUMONT. Cette indication donnée par Victor et le recoupement avec les
Des lieux remarquables de Langres
Ci-contre, selon les indications de Victor cette scène se passe à la "Porte du Marché aux Porcs"
Ci-contre Le marché place Saint Mames
Ci-contre "La crémaillère"
La ville de Langres est située sur une colline qui offre un superbe panorama sur les vallées qui l'environnent. Cette situation l'isole de la voie ferrée et de la gare situées en contrebas.
Il fallait pour la commodité des voyageurs mettre en place une navette reliant ces deux sites. Un chemin de fer à crémaillère était le plus adapté pour l'époque et le serait peut-être encore sans déclin des transports collectifs au profit de la voiture individuelle.
Faubourgs et environs de Langres
L'auteur a noté "Brevonne" comme repère de la photo ci-contre.
Il s'agit vraisemblablement de Brévoines, près de Langres et de son cours d'eau "la Bonnelle", affluent de "la Mouche", puis de la Marne.
Les reflets dans les parties calmes de l'eau estompés dans les eaux vives sont du plus bel effet. Les arbres dénudés et quelques restes de neige deviennent autant d'éléments artistiques.
Ci-contre l'auteur nous emmène dans un vallon de la commune d'Aprey aux sources de la Vingeanne.
Au dos de cette stéréophotographie Victor a noté "la quille dans la gorge du Balafré à Aprey Haute-Marne".
De quoi s'agit-il ?
Après vérification sur place nous* avons pu retrouver cette roche détachée de la paroi calcaire, coiffée d'une roche plus dure qui en a permis la conservation.
*Jean-Baptiste BOUR, membre titulaire de la SHAL (Société Historique et Archéologique de Langres, Samuel MOURIN, pour les Archives Départementale de la Haute-Marne, et moi même.
Des sujets familiaux
recensements de la commune de Saint Broingt le Bois nous ont permis de comprendre que Marie-Aimée AUMONT n'est autre que la sœur de Jaqueline AUMONT, mère de Florence. le recensement indique que la tante est née à Beaulandais dans l'Orne. Les actes parisiens des parents LEGENISEL nous privaient de cette origine mais l'analyse statistique des patronymes confirme que cette région normande est bien le "berceau familial" de ces deux familles
Ci-contre la "Porte des Moulins"
Vue de Langres depuis la tour de l'église Saint Mamès
Ci contre, une fontaine au pied remparts de Langres
Les militaires à Langres
Langres était une ville de garnison, celle du 21° Régiment d'Infanterie depuis 1871.
Bien que leur cantonnement soit situé dans la "citadelle" construite en 1841 au sud et à l'écart de la ville, les soldats préfères l'animation des rues à leur casernement.
Il arrive fréquemment que des parades se fassent sur les places de la ville (ci-contre) ou que d'autres régiments soient de passage dans la citadelle, (ci-dessus le 6° de ligne)
Nous avons vu que les deux gendres de Victor PETIT ont fait sa connaissance et celle de ses filles au cours de leur service militaire.
Victor PETIT a noté "Jorquenay 1855 - la Marne" au dos de la photographie de gauche.
La Marne vivrière est ici mise en valeur avec quelques riverains venu en famille pêcher et relever les nasses d'osier.
Faire de belles images des lieux et témoigner des gestes de la vie courante semble être une constante dans cet art nouveau qu'est la photographie en 1855.
Avertissement ! Nous pourrions présenter ici encore de nombreuses photographies de sites lingons, haut-marnais, vosgiens et helvétiques, mais nous faisons le choix de privilégier maintenant des clichés de familles "aisées" que Victor a réalisé.
Les stéréophotographies présentées et non présentées sont consultables aux Archives Départementales de la Haute-Marne. Il est également possible d'obtenir des renseignement auprès de l'auteur de ce blog
Joseph Philibert GIRAULT de PRANGEY
1804 (Langres) - 1892 (Courcelles-Val-d'Esnoms)
Nous sommes ici au cœur de la "Villa idéale", de l'artiste fortuné, dont persistent, aujourd'hui, quelques ruines au milieu d'une végétation luxuriante.
Il est donc impossible de penser que Girault ne fut le mentor de Victor. Girault étant ami de Jules-Claude ZIEGLER, les trois langrois ont au moins échangé sur le devenir de la photographie sinon collaboré.
L'influence de Joseph Philibert GIRAULT de PRANGEY
La villa Girault à Courcelles
Nous voyons par les quatre clichés présentés ci-contre et ci dessous que Victor était un familier de son compatriote et aîné.
La preuve irréfutable d'une collaboration entre Victor PETIT et Joseph-Philibert GIRAULT de PRANGEY nous est donné par le cliché ci-dessous qui nous servira également de liaison avec le thème suivant.
Les notables haut-marnais
Ci-contre les familles "de TRICORNOT" et "BESANCENET"